France, La Ciotat, juillet 1998.

la ciotat st 06'.gif (41965 octets)Le premier atelier se déroule à " l'Atelier Bleu" situé dans le parc du Mugel. Quinze enfants de la Ciotat y ont participé pendant une semaine.

Les enfants écoutent sagement le court d'art photographique que je leur donne, assis au milieu des pins centenaires. Beaucoup plus intéressés par l'histoire de Magellan et par notre voyage autour du monde...

 

 

la ciotat st 01'.gif (30317 octets)Ils évoquent par la suite les différents lieux qu'ils veulent photographier pour "mettre leur ville en boîte". La Ciotat, c'est la ville des frères Lumière. Leur maison, la plage du Liouqet où furent filmées "les premières femmes à poil ... ", la fameuse gare, le chantier naval : "impossible d'y rentrer", me disent-ils en chœur ! "Tout est possible, il suffit d'essayer !" crie Théo.

 

Après l'explication du fonctionnement du sténopé, les enfants prennent peu à peu possession de la boîte, chacun à la sienne - la marque - On essaie l'obturateur : shuntement du gaffer, la boîte tombe brutalement, l'initiation commence...

Nichés dans les murs frais de la vieille maison, les enfants rentrent dans le laboratoire qu'on a installé deux jours auparavant. Les lumières rouge et jaune dans ce noir qui semble obscur, rassurent les enfants, ils s'habituent et découvrent ce lieu étrange : chargement des boîtes : une pince à linge est placée du côté du petit trou, la feuille glisse le long des parois de la boîte, le couvercle remis, elle devient caméra. Les enfants perlés de sueur sourient, la première épreuve est passée...

la ciotat st 03'.gif (39076 octets)Leur premier essai se déroule dans le parc, c'est le début de l'apprentissage de la cellule. Palmier volant, cactus, paysage de collines plongeant dans la mer de véritables fourmis s'éparpillent pour réaliser leur première image. Retour au laboratoire ou la déception se mélange à la réussite : "tu as vu cela marche..., la mienne est toute noire."

Virgil, veut réaliser une photo du haut de la montagne du Cap de l'aigle. Le petit groupe le suit, la moitié des enfants sont restés au laboratoire pour tirer les photos faîtes la veille. Virgil, sûr de lui calcule la lumière avec la cellule, regarde précisément son angle de 45° et après avoir ôté doucement le gaffer, il compte, impassible le temps de pose : cinéma un, cinéma deux...

La rentrée au labo tient de la course poursuite, les enfants dévalent les collines et, essoufflés, arrivent au laboratoire. La photo de Virgil est sous exposée, grimace du garçon... De nouveau je lui explique le fonctionnement de la cellule. A la fin de ma tirade, je lui propose de refaire la photo le lendemain. Il me regarde droit dans les yeux et me dit : "non, maintenant ! ". Nous reprenons le chemin du sommet. Je le mets en garde contre le vent, qui peut rapidement amener des nuages devant le soleil et changer le temps de pose. Virgil ne m'écoute plus, son regard fixé sur le cap. Sous la lumière jaune du laboratoire, la photo apparaît Floue. Virgil serre les dents et me lance : "on repart... " Tel Sisyphe, nous reprenons le chemin du sommet, il cale sa boîte, entasse des pierres, calcule sa lumière. Epuisés nous descendons au laboratoire, l'image doucement apparaît, nette et je vois s'illuminer la petite tête brune.

la ciotat st 02'.gif (30738 octets)Après avoir eu l'autorisation par le directeur du chantier naval nous pénétrons dans ce lieu étrange, 55 Ha, désert. Cimetière de l'ère industriel ? Musée d'art contemporain ? Un canadair renversé, les ailes à terre, pleure son pilote disparut, des châlutiers en décomposition, des grues immenses prennent le temps de se mirer dans la mer. Elles se renvoient leur image : cigogne, alien, monstres étranges, complexées peut-être de n'avoir jamais été payées et d'être promis à une destruction prochaine, elles restent hautaines.

Aire de la démesure, des tonnes de chaînes dont les maillons pèsent une quinzaine de kilos, des manilles insoulevables, traînent. Bâtiments en ruine où l'on aperçoit le sigle de la CGT toujours omniprésente. Soixante personnes y travaillent sur les 3000 de la belle époque. "Ils ont tué le chantier, leur seul travail et d'organiser des grèves pour conserver leur droit" disent certains, d'autres : "Ils ont préservé le chantier des promoteurs..." Les gamins eux sont ravis et gambadent dans cet énorme terrain de jeux; Théo à une obsession mettre la plus grandela ciotat st 05'.gif (30624 octets) grue qui le fascine dans sa petite boîte. Il s'accroupit, réfléchit, repart. Je souris et il me lance : "tu crois que c'est facile"... Je le laisse tourner autour de son idole. Quant au reste de la bande, les idées fusent, les boîtes sont mises dans tous les sens, calées avec d'énormes boulons ou des morceaux de chaînes abandonnées. Après une partie de cache-cache sous un catamaran en aluminium inachevé nous partons voir Théo qui cherche son angle. Les enfants prennent le chemin du laboratoire en prenant leur boîte comme un tam-tam, Théo trouve enfin son cadrage... Sous la lumière rouge les photos se révèlent, certaines sont voilées, les enfants ayant un peu trop joué des percussions ont décollé le scotch du sténopé. Théo est satisfait de sa belle "grue oiseau..."

 

Nous tentons d'aller voir la maison des frères Lumière, mais la gardienne nous en interdit l'accès, on a beau insister, les enfants ont beau parler de leur "mission" rien ne trouble cette femme ancrée dans sa bêtise. Nous repartons vers l'Eden, premier cinéma du monde, "drôle d'Eden, s'exclame Benjamin, il n'y a que des mauvaises herbes..."

 

 

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L'exposition a lieu sous les platanes du parc du Mugel, Valentin s'approche et me dit : "les photos qu'on a prises, elles vont vraiment faire le tour, comme Magellan ?"

 

 

 

 


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